Un animal sauvage en détresse, que faire ?
Il est fréquent de se retrouver face à un animal sauvage. Cela peut se produire chez vous, lors d’une promenade ou d’un déplacement. Pourquoi pas pendant vos vacances ? Et quand ça arrive, les questions fusent. L’animal est-il en danger ? Qui dois-je contacter ? Dois-je intervenir ou non ? Comment ? Voici les conseils de Trisk’ailes, association de sauvegarde de la faune sauvage pour vous aider dans cette situation.
Qui est Trisk’ailes ?
Trisk’ailes est une association bretonne qui sauvegarde la faune sauvage locale. Elle a été fondée en 2007. Sa raison d’être : réduire l’impact des activités humaines sur la biodiversité.
Pour cela, elle mène trois principales missions :
Le soins aux animaux sauvage en détresse dans une structure de soins. Cette mission est actuellement suspendue puisque nous menons un projet de création d’un nouveau centre de sauvegarde de la faune sauvage breton.
La sensibilisation du public via des interventions scolaire et parascolaires, des ateliers, son exposition, son jeu de société et sa formation en ligne.
La médiation faune sauvage pour conseiller et accompagner toute personne faisant face à un animal sauvage en détresse (ou non).
L’animal sauvage est-il vraiment en détresse ?
Face à un animal sauvage, la première chose à faire est d’analyser la situation pour savoir s’il est nécessaire d’intervenir. Dans certains cas, rien n’est anormale pour l’animal sauvage en question.
Ne vous précipitez pas et tentez de déterminer la dangerosité de la situation, pour l’animal comme pour vous. Évitez les prises de risques et les ramassages intempestifs.
Une intervention humaine est nécessaire dans les cas suivants :
- L’animal est blessé (présence de sang, plaie, membre dans une position anormale) ou semble affaibli ou parasité (beaucoup de tiques, vers…), souvent il se laisse approcher.
- L’animal est à proximité d’un danger immédiat (route, prédateurs, outils de jardinage…).
- L’animal appartient à une espèce nocturne et est pourtant vu en plein jour.
- L’animal appartient à une espèce hibernante et est pourtant vu par des températures en dessous des 5°C (chauves-souris, hérisson…).
- L’animal est un juvénile à proximité du cadavre d’un ou plusieurs adultes ou d’un nid/terrier détruit.
Chaque situation est différente et mérite réflexion. C’est pourquoi le point suivant est majoritairement nécessaire.
Qui contacter en cas de découverte d’un animal sauvage en détresse ?
S’il y avait une seule chose à retenir, ce serait la suivante : vous ne devez en aucun cas vous improviser soigneur. De la même façon que face à un humain blessé vous faites appel aux pompiers, ici il faudra faire appel à des professionnel du soin animalier, si possible.
Les seules structure habilitée à prendre en charge un animal sauvage en détresse en France sont les centres de sauvegarde de la faune sauvage. Il est primordial de les contacter eux, ou un centre de médiation faune sauvage, pour être conseillé. C’est aussi une obligation légale avant toute intervention selon la circulaire du 7 juillet 2004, sous peine d’amende.
L’idéal est de prendre l’animal en photo, sans flash, sous un angle de vue général, puis si possible, de zoomer sur la partie blessée. Ces photos vous seront demandées pour une aide à l’analyse de la situation.
Lorsque vous êtes en Bretagne, vous pouvez faire appel aux structures suivantes :
→ Trisk’ailes en tant qu’association loi 1901 dont l’objet est de sauvegarder la faune sauvage. Le standard téléphonique de la ligne de médiation est joignable du lundi au vendredi de 9h30 – 12h30 et de 13h30 – 15h00 au 06 08 98 42 36.
→ La plateforme de médiation téléphonique SOS faune sauvage Bretagne. C’est un service régional dédié aux situations impliquant la faune sauvage locale en Bretagne : animal sauvage blessé, animal sauvage qui vous semble en difficulté… Le service vise également à organiser, lorsque cela s’avère nécessaire et possible, les transferts d’animaux blessés vers les structures adaptées (cabinet vétérinaire partenaire, centre de sauvegarde faune sauvage). Ce service est ouvert 7 jours sur 7, de 9h00 à 18h00, et joignable au 02 57 63 13 13.
Si vous êtes ailleurs en France, voici vos alternatives :
→ Les mairies ou les cabinets vétérinaires de votre territoire. Elle pourront peut-être vous fournir les coordonnées du centre de sauvegarde le plus proche. Attention de bien vérifier avec le centre de sauvegarde en question s’il est en capacité d’accueillir l’animal avant de vous déplacer. En effet, toutes les structures d’accueil n’ont pas les même capacités financières et matérielles, ainsi que les mêmes autorisations administratives. Certains centres de sauvegarde sont spécialisés dans la prise en charge d’une seule espèce animale.
→ Le réseau national des centres de sauvegarde français. Il s’agit d’une association regroupant des centres de sauvegarde pour la faune sauvage française et d’outre-mer. Vous trouverez sur son site internet une carte interactive vous permettant de localiser le centre de sauvegarde le plus proche de votre position, ainsi que ses coordonnées.
→ Enfin, il arrive fréquemment à Trisk’ailes de recevoir des appels hors région Bretagne (en moyenne une trentaine chaque année). Nous pouvons aussi vous conseiller à distance et trouver pour vous les coordonnées de la structure la plus proche de votre position, notamment si vous n’êtes pas en mesure de vous connecter à internet pour faire une recherche.
Si vous êtes en déplacement à l’étranger, voici des pistes à explorer.
→ Les cabinets vétérinaires sont sans doute dans ce cas les mieux placés pour vous informer de la présence ou non d’une structure habilitée pour les soins à la faune sauvage dans le pays que vous visitez.
→ Le réseau national des centres de soins français pourra peut-être vous aider à trouver le contact d’un centre de soins à l’étranger, cependant il n’est joignable que par e-mail à l’adresse contact@reseau-soins-faune-sauvage.com et l’urgence d’une détresse animale nécessite souvent plus de réactivité que ne le permet le contact mail.
→ Il arrive parfois à Trisk’ailes de reçoive des demandes hors des frontières françaises. Par exemple, en 2023 une touriste française en voyage en Bulgarie nous a contacté par SMS au sujet d’un goéland blessé. Nous n’avons pas connaissance des coordonnées d’éventuelles structures pouvant prendre en charge la faune sauvage à l’étranger, cependant nous pouvons analyser la situation avec vous et vous apporter les conseils de base face à la situation que vous rencontrez.
Mettre un animal sauvage en détresse en contention
Si la détresse de l’animal est avérée, suivez les règles ci-dessous avec un maximum de précautions pour la sécurité de l’animal et de vous-même. Chaque espèce ayant ses spécificités, les techniques précises pour la capture diffèrent. Quoi qu’il en soit, pensez à vous protéger (gants, lunettes) tout en sécurisant l’animal.
- Munissez-vous d’un linge (serviette, drap, pull, tee-shirt, etc.) pour envelopper l’animal et cacher sa tête.
- Mettez-le dans un carton percé de trous de taille adéquate, et tapissé de tissu.
- Ajoutez une bouteille d’eau chaude entourée d’un tissu (bouillotte).
- Fermez le carton et placez-le dans une pièce calme.
- Laissez l’animal tranquille. Ne lui donnez rien à manger ni à boire, ne tenez pas non plus de le médicamenter sans avis préalable d’un spécialiste.
Si vous avez un doute, si vous ne vous sentez pas capable d’attraper l’animal, surtout ne vous mettez pas en danger !
Quelques précautions à prendre face à un animal sauvage en détresse
Lors d’une promenade en nature, à la plage
Votre chien ne divaguera pas
A la belle saison, tenez votre chien en laisse. Régulièrement de jeunes mammifères et oiseaux sauvages sont attrapés par des chiens en divagation ou en promenade avec leur humain. Nos amis à quatre pattes sont fiers de ramener faons de chevreuil, levreaux, lapereaux ou hérissons. Et même dans le cas où le petit n’est pas blessé, le promeneur ne peut le remettre auprès de sa mère, car bien incapable de savoir où il a été trouvé.
Le même phénomène se produit lors des ballades à la plage. Certes, cela fait toujours plaisir de voir un chien s’ébattre joyeusement sur le sable, les oreilles au vent et la queue guillerette. Mais malheureusement, cela peut porter atteinte à des oiseaux, comme le discret gravelot à collier interrompu, lors de la période de nidification. En effet, ce petit oiseau niche au sol, généralement sur le haut de la plage, et se nourrit dans les laisses de mer. Les petits de ce limicole, nidifuges, quittent le nid dès leur naissance et partent en vadrouille pendant que les parents recherchent la nourriture. Ils sont ainsi des proies faciles pour un chien qui joue.
Faites donc plutôt courir votre chien sur le bas de la plage, voire dans l’eau, la plupart adorent ça. Idem pour les promenades sur les chemins côtiers dont les abords sont souvent riches en espèces nicheuses. Dans ces milieux, tenez plutôt votre chien en laisse et restez sur les chemins.
Un oiseau au sol n’est pas forcément en danger
Le printemps signe le renouveau dans la nature. Le soleil et la chaleur revenant, on a envie d’en profiter et d’aller se balader. C’est aussi l’occasion, durant toute la belle saison, de peut-être apercevoir de jeunes oiseaux au sol.
Un oisillon au sol n’est pas nécessairement abandonné : s’il est plumé, il n’est pas en danger. La meilleure solution est souvent d’intervenir le moins possible alors laissez-le tranquille.
S’il s’agit d’un oisillon très jeune (yeux clos, sans plumes). La meilleure chose à faire est de le replacer dans son nid. Si le nid est tombé, vous pouvez le replacer à l’endroit ou à proximité de l’endroit où il était placé, peut-être en renforçant son attache ou en créant un nouveau avec vos moyens.
Notez qu’il existe beaucoup d’espèces dont les petits sont nidifuges. Il est donc normal dans de nombreux cas de trouver de jeunes oiseaux non volants, au sol.
En vacances le plastique, c’est pratique mais…
Levez le pied, vous êtes en vacances ! Bien que des panneaux de signalisation indiquent la traversée d’animaux sauvages, ces derniers peuvent vous surprendre n’importe où. La route reste un concept humain qui ne régit pas leur comportement naturel.
Soyez d’autant plus vigilant aux moments des changements d’heures. Les animaux sauvages vivent au rythme naturel du soleil et non à celui de nos horaires. Lors de ces périodes-là, nos habitudes changent mais pas les leurs. Il sera donc plus fréquent de les rencontrer, traversant les routes en quête de nourriture, le nombre de collisions s’en trouvant alors augmenté.
Lorsque vous circulez en voiture sur la route
C’est une vraie catastrophe écologique ! Gardez les bonnes habitudes du quotidien si vous minimisez déjà sont emploi, ou profitez de cette période pour passer un cap et changer vos habitudes !
En tous cas, ne laissez aucune trace de votre passage après un pique-nique et repartez avec vos déchets. Ces derniers peuvent être un véritable fléau pour les animaux sauvages qui ne savent pas toujours les distinguer de leur nourriture naturelle, surtout en ce qui concerne les jeunes individus.
Des astuces pratiques
Vous prévoyez des vacances en pleine nature, en bord de mer ou en forêt ? Mettez dans votre besace une taie d’oreiller. Elle ne prend pas de place et pour un petit animal, la contention est toute faite. On le met dedans, on ferme, il respire.
Vous n’avez rien sous la main pour mettre un animal en contention ? N’hésitez pas à questionner les commerces et les restaurants, ils auront certainement un carton à vous céder.
Pour en savoir plus sur les bons gestes à adopter face à un animal sauvage en détresse, rendez-vous sur la page dédiée du site internet de Trisk’ailes.
Encore mieux : formez-vous aux bons gestes !
Pour assurer les meilleures chances de survie aux animaux en détresse, nous avons mis au point la formation « Les Bons gestes : que faire face à un animal en détresse ? ».
Avec cette formation, vous serez capable de réagir dans des situations communes, face à différentes espèces en fonction de leurs particularités, et le plus rapidement possible, pour le bien de l’animal.
Cette formation en ligne est accessible à tous. Dans un soucis de disponibilité, nous avons prévu 8 sessions par an, en fin de journée et en week-end.
Cet article a été sollicité dans le cadre d’un partenariat entre Slowgo et Trisk’ailes pour la préservation de la biodiversité
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